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georges dumézil - Page 2

  • Confinez-vous avec : ... Mythe et épopée, de Georges Dumézil !

    Avec la crise du coronavirus, les maisons d'édition reportent la publication de leurs nouveautés à des jours meilleurs. Cette période sera donc l'occasion de vous signaler, au gré de l'inspiration du moment, des ouvrages, disponibles sur les sites de librairie en ligne (ceux dont l'activité se poursuit...), qui méritent d'être découverts ou "redécouverts".

    On peut trouver aux éditions Gallimard, un gros volume de Georges Dumézil intitulé Mythe et épopée I. II. III.. Linguiste, anthropologue et historien des religions, Georges Dumézil (1898-1986) a concentré ses travaux sur les peuples indo-européens et leurs mythologies, dont il a souligné les profondes similitudes.

    La revue Nouvelle Ecole lui a consacré un numéro : Nouvelle Ecole n°21-22 - Georges Dumézil & les études indo-européennes

     

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    " Vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C., des cavaliers-migrateurs, venus peut-être du sud de la Russie, submergèrent par vagues successives la majeure partie du continent européen et poussèrent jusqu'aux confins de l'Inde. À ces conquérants, qui parlaient approximativement la même langue, on a attribué par convention le nom d'Indo-Européens. Ils partageaient une vision du monde tripartite - le système des trois fonctions - où s'articulent, selon un ordre hiérarchique : la souveraineté magique et juridique (la première fonction) ; la force physique et principalement guerrière (la deuxième fonction) ; la richesse tranquille et féconde (la troisième fonction). Ainsi ces très lointains ancêtres se fondaient-ils sur une conception de la société qui distingue en les hiérarchisant les prêtres, les guerriers et les éleveurs-agriculteurs.
    Mythe et Épopée est consacré aux usages littéraires et non pas théologiques ou religieux que les principaux peuples indo-européens ont faits de leur commun héritage. Car si la structure des trois fonctions se présente d'abord comme une machine à faire les dieux, elle se révèle aussi être un formidable instrument de fabrication d'histoires. Pas uniquement de mythes, mais de récits profanes, de légendes, d'épopées, de contes où les dieux et les hommes s'en vont par trois.  "

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  • La crise du Coronavirus ou le grand retour du tragique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Figaro vox et consacré à l'ébranlement que provoque dans notre société la pandémie de coronavirus. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018), La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019) ou, dernièrement, La faillite des élites (Lexio, 2019).

     

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    Michel Maffesoli: «La crise du Coronavirus ou le grand retour du tragique»

    Sans craindre les foudres d’une intelligentsia apeurée, on ne dira jamais assez que nous assistons à la décadence inéluctable de la modernité. Fin d’un monde se manifestant, au quotidien, dans une dégénérescence intellectuelle, politique, sociale dont les symptômes sont de plus en plus évidents.

    Dégénérescence de quoi, sinon du mythe progressiste? Corrélativement à l’idéologie du service public, ce progressisme s’employait à justifier la domination sur la nature, à négliger les lois primordiales de celle-ci et à construire une société selon les seuls principes d’un rationalisme abstrait dont l’aspect morbide apparaît de plus en plus évident. Les réformes dites «sociétales» (mariage pour tous, PMA-GPA, etc.) en étant les formes caricaturales.

    Le point nodal de l’idéologie progressiste, c’est l’ambition voire la prétention de tout résoudre, de tout améliorer afin d’aboutir à une société parfaite et à un homme potentiellement immortel.

    Qu’on le sache ou non, la dialectique: thèse, antithèse, synthèse est le mécanisme intellectuel dominant. Le concept hégélien de «dépassement» (Aufhebung), est le maître mot de la mythologie progressiste. C’est stricto sensu, une conception du monde «dramatique», c’est-à-dire reposant sur la capacité à trouver une solution, une résolution permettant d’accéder à la perfection à venir.

    Il est une formule de K. Marx qui résume bien une telle mythologie: «L’humanité ne se pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre.» Ambition, prétention de tout maîtriser. Et que l’on veuille ou non le reconnaître, il existe, gauche et droite confondues, une véritable «marxisation» des esprits. L’élite moderne: politiques, journalistes et divers experts, est contaminée par cette prétention quelque peu paranoïaque. Dans un avenir, plus ou moins proche, l’on arrivera à réaliser une société parfaite!

    C’est bien cette conception dramatique, donc optimiste qui est en train de s’achever. Et, dans le balancement inexorable des histoires humaines, c’est le sentiment du tragique de la vie qui, à nouveau, tend à prévaloir. Le dramatique, je l’ai dit, est résolument optimiste. Le tragique est aporique, c’est-à-dire sans solution. La vie est ce qu’elle est.

    Plutôt que de vouloir dominer la nature, on s’accorde à elle. Selon l’adage populaire, «on ne commande bien la nature qu’en lui obéissant.» La mort, dès lors, n’est plus ce que l’on pourra dépasser. Mais ce avec quoi il convient de s’accorder.

    Voilà ce que rappelle, en majeur, la «crise sanitaire». La mort pandémique est le symbole de la fin de l’optimisme propre au progressisme moderne. On peut le considérer comme une expression du pressentiment, quelque peu spirituel, que la fin d’une civilisation peut être une délivrance et, en son sens fort, l’indice d’une renaissance. Indice, «index», ce qui pointe la continuité d’un vitalisme essentiel!

    La mort possible, menace vécue quotidiennement, réalité que l’on ne peut pas nier, que l’on ne peut plus dénier, la mort qu’inexorablement l’on est obligé de comptabiliser, cette mort, omniprésente, rappelle dans sa concrétude que c’est un ordre des choses qui est en train de s’achever.

    Ce qui est concret, je le rappelle: cum crescere, c’est ce qui «croît avec», avec un réel irréfragable. Et ce réel c’est la mort de cet «ordre des choses» ayant constitué le monde moderne!

    Mort de l’économicisme dominant, de cette prévalence de l’infrastructure économique cause et effet d’un matérialisme à courte vue.

    Mort d’une conception purement individualiste de l’existence. Certes, les élites déphasées continuent à émettre des poncifs du type «compte tenu de l’individualisme contemporain», et autres sornettes de la même eau. Mais l’angoisse de la finitude, finitude dont on ne peut plus cacher la réalité, incite, tout au contraire, à rechercher l’entraide, le partage, l’échange, le bénévolat et autres valeurs du même acabit que le matérialisme moderne avait cru dépasser.

    Encore plus flagrant, la crise sanitaire signe la mort de la mondialisation, valeur dominante d’une élite obnubilée par un marché sans limites, sans frontières où, là encore, l’objet prévaut sur le sujet, le matériel sur le spirituel.

    Souvenons-nous de la judicieuse expression du philosophe Georg Simmel, rappelant que le bon équilibre de toute vie sociale est l’accord devant exister entre le «pont et la porte». Le pont nécessaire à la relation, et la porte relativisant cette relation afin d’accéder à une harmonie bénéfique pour tout un chacun.

    C’est ce que j’ai appelé «Écosophie», sagesse de la maison commune. En termes plus familiers, il s’agit de reconnaître que «le lieu fait lien». Toutes choses rappelant qu’à l’encontre du leitmotiv marxiste: «l’air de la ville rend libre», formule archétypale du déracinement, la glèbe natale retrouve une force et vigueur indéniables.

    Enracinement dynamique rappelant que, comme toute plante, la plante humaine a besoin de racines pour pouvoir croître, avec force, justesse et beauté! Ainsi face à la mort on ne peut plus présente, est rappelée la nécessité de la solidarité propre à un «idéal communautaire» que certains continuent à stigmatiser en le taxant, sottement, de communautarisme.

    La mort de la civilisation utilitariste où le lien social est à dominante mécanique, permet de repérer la réémergence d’une solidarité organique. Organicité que la pensée ésotérique nomme «synarchie». Ce qu’avait également bien analysé Georges Dumézil en rappelant l’interaction et l’équilibre existant, à certains moments, entre les «trois fonctions sociales».

    La fonction spirituelle, fondant le politique, le militaire, le juridique et aboutissant à la solidarité sociétale. Ainsi, au-delà d’une suradministration déconnectée du Réel, c’est bien un tel holisme que l’on voit resurgir de nos jours.

    Mais la prise en compte d’une telle synarchie organique nécessite que l’on sache le dire avec les mots étant le plus en pertinence avec le temps. Il est amusant, il vaudrait mieux dire désolant, de lire sous la plume de la plupart des observateurs sociaux que la situation est dramatique et quelques lignes plus loin parler de son aspect tragique. Ce qui montre bien que la formule de Platon est toujours d’actualité: «la perversion de la cité commence par la fraude des mots!»

    La conception «dramatique» est le propre d’une élite croyant trouver à tout une solution opportune. Le «tragique», bien au contraire, s’accorde à la mort. Il sait, d’un savoir incorporé, savoir propre à la sagesse populaire, vivre la mort de tous les jours.

    Voilà en quoi la crise sanitaire porteuse de mort individuelle est l’indice d’une crise civilisationnelle, celle de la mort d’un paradigme progressiste ayant fait son temps. Peut-être est-ce cela qui fait que le tragique ambiant, vécu au quotidien, est loin d’être morose, conscient qu’il est d’une résurrection en cours. Celle où dans l’être-ensemble, dans l’être- avec, dans le visible social, l’invisible spirituel occupera une place de choix.

    Michel Maffesoli (Figaro Vox, 23 mars 2020)

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  • Tour d'horizon... (172)

    eric zemmour,droite,georges dumézil,indo-européens

    Au sommaire :

    - sur Youtube, l'allocution d'Eric Zemmour à la Convention de la Droite, qui s'est tenue samedi 28 septembre 2019 et qui a déclenché une violente polémique dans les médias...

    Discours d'Eric Zemmour à la Convention de la Droite

    Zemmour_Convention droite.jpg

    - sur le site de la Société Française d’Études Indo-Européennes, un entretien avec Georges Dumézil consacré aux Indo-Européens...

    Georges Dumézil sur les Indo-Européens

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  • Georges Dumézil, l'enchanteur érudit...

    Les éditions Apogées viennent de publier un essai de Michel Poitevin intitulé Georges Dumézil - L'enchanteur érudit. Agrégé et docteur en philosophie, Michel Poitevin a déjà publié deux ouvrages consacrés à l'auteur de Mythe et Epopée.

     

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    " Cet ouvrage propose, à partir des rencontres personnelles que l'auteur a eues avec Georges Dumézil, un portrait de celui qui fut, avec Claude Lévi-Strauss, le plus grand mythologue français du XXe siècle. A partir de 1938, Georges Dumézil a développé une nouvelle approche des mythes indo-européens. L'idéologie qu'il a mise au jour repose sur le jeu de trois fonctions hiérarchisées : la souveraineté magique et juridique, la vigueur guerrière, la fécondité et la prospérité. Pendant plus de soixante ans, il a construit une œuvre magistrale, souvent méconnue, voire déformée. Faut-il se résigner à cet oubli ? Cette œuvre, proche de celle de Freud, ne peut-elle pas nous aider à mieux nous connaître à travers l'étude de nos origines ? Loin de justifier les systèmes totalitaires, ne peut-elle pas nous aider à combattre le mal grâce à une meilleur connaissance des mythes politiques qui les ont inspirés ? Si Dumézil a principalement étudié l'imaginaire des peuples indo-européens, n'est-il pas possible d'appliquer la logique des trois fonctions à l'étude du monde réel et présent ? "

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  • Archéologie d'une pensé religieuse celtique...

    Les éditions Terres de promesse viennent de rééditer en format poche l'essai de Valéry Raydon intitulé Le mythe de la Crau - Archéologie d'une pensée religieuse celtique. Docteur en histoire ancienne et chercheur indépendant, Valéry Raydon a notamment publié Apologie du dieu Kronos (Le Labyrinthe, 2007), Héritages indo-européens dans la Rome antique (Terre de promesse, 2014) et Le chaudron du Dagda (Terre de Promesse, 2016) et, dernièrement, Le cortège du Graal - Du mythe celtique au roman arthurien (Terres de promesse, 2019).

     

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    " Le plus ancien mythe conservé sur le territoire de la Provence concerne la formation de la plaine de la Crau. C’est le tragique grec Eschyle qui nous en a transmis la plus vieille version au second quart du Ve siècle avant notre ère, dans un passage de sa pièce du Prométhée délivré. Il y racontait que la création de la plaine de la Crau s’était produite à la suite d’une pluie de pierres déversée par le dieu de l’orage Zeus pour sauver son héros de fils Héraklès attaqué par les géants Ligures alors qu’il se rendait en Espagne pour conquérir les bœufs de Géryon. L’identité hellénique des protagonistes et l’incorporation de ce récit étiologique au sein de l’œuvre du grand dramaturge athénien ont crédité jusqu’ici le récit d’être un pur produit de la culture grecque égéenne.

    L’auteur entreprend ici une remise en cause de cette appréciation. D’une part, le mythe met en jeu une connaissance précise de la zone géographique bas-rhodanienne et se développe à partir d’un toponyme local non hellénique, ce qui suppose qu’il a vu le jour non pas en Grèce mais dans un milieu grec occidental, voir simplement hellénisé, qui pouvait être informé des realia géologiques et toponymiques de la Celtique méridionale. D’autre part, les conceptions qui structurent ce mythe restent sans parallèle dans la mythologie grecque mais trouvent d’exacts pendants dans les littératures celtiques insulaires médiévales et dans des textes hagiographiques sur deux saints de la Gaule mérovingienne. La légende de fondation de la Crau pourrait donc s’avérer être dans la forme où elle nous a été transmise l’interpretatio graeca d’un mythe gaulois de la période de La Tène ancienne.

    Usant d’une approche structurale et comparative dumézilienne, l’auteur se livre à l’archéologie de ce qui constitue le plus ancien fragment de pensée religieuse celtique qui nous ait été conservé, exhumant et expliquant les vestiges d’une théologie véritablement panceltique codifiée de très longue date ayant trait à la fameuse croyance du ‘ciel qui tombe sur la tête’ partagée par les Celtes continentaux d’Illyrie, du Danube et des Gaules, ainsi que par ceux insulaires d’Irlande et du Pays-de-Galles.

    Identifiant avec certitude l’Héraklès de la Crau à Ogmios, une divinité majeure du panthéon gaulois, l’auteur poursuit cette passionnante enquête en brossant un portrait de ce dieu qui démontre la stabilité de sa codification de la Gaule à l’Irlande, et qui confirme sa structuration autour du prototype indo-européen du dieu de la souveraineté magico-guerrière. Il invite en outre à une relecture du cycle des aventures d’Héraklès en Gaule en tant que possibles épisodes d’une mythologie ogmienne hellénisée.

    Une découverte majeure pour l’étude de la religion gauloise et un époustouflant voyage au cœur des croyances celtiques. "

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  • Du mythe celtique au roman arthurien...

    Les éditions Terre de Promesse viennent de publier un essai de Valéry Raydon intitulé Le cortège du Graal - Du mythe celtique au roman arthurien. Docteur en histoire ancienne et chercheur indépendant, Valéry Raydon a notamment publié Apologie du dieu Kronos (Le Labyrinthe, 2007), Héritages indo-européens dans la Rome antique (Terre de promesse, 2014) et Le chaudron du Dagda (Terre de Promesse, 2016).

     

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    " Le cortège merveilleux du Graal représente un des thèmes majeurs de la littérature arthurienne. L’immense succès que ce thème a rencontré depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours lui a valu de connaître d’innombrables adaptations artistiques et de devenir un pilier de la culture et de l’imaginaire de l’Occident. La plus ancienne mention relative à ce cortège nous a été léguée dans le roman du Conte du Graal composé par Chrétien de Troyes au cours de la décennie 1180. Le cortège y constitue un élément-clé de l’intrigue consacrée aux aventures de Perceval le Gallois. Le jeune chevalier Perceval appelé à devenir le meilleur chevalier du monde, est amené à recevoir l’hospitalité au château du Roi Pêcheur, et à l’heure du repas voit passer devant lui un intriguant groupe d’objets merveilleux portés par de jeunes serviteurs de noble naissance. C’est le cortège du graal. Il comprend une lance dont le fer blanc saigne continuellement et qui est investie d’un pouvoir guerrier tel qu’elle est en mesure de soumettre l’île de Bretagne à elle seule, un vaissel d’or et d’escarboucles irradiant une lumière solaire, qui est reconnu être le plus riche et le plus sacré du monde et pour lequel est suggéré un possible pouvoir de génération alimentaire sans limites, et enfin un petit tailloir d’argent dont les propriétés sont passées sous silence. Perceval, bien qu’intrigué, refuse de s’informer au sujet du cortège par souci de discrétion. Mal lui en pris : il apprendra par la suite qu’une demande à propos de ces objets hyperboliques aurait rendu la santé au Roi Pêcheur impotent, et que de son silence découleront des maux sans nombre pour ce souverain, son royaume, et le monde arthurien tout entier. Et Perceval d’entreprendre alors une quête réparatrice pour tenter de retrouver le Château du Graal et poser les questions salvatrices. Le roman de Chrétien, malheureusement inachevé, a laissé irrésolu le mystère de cet étrange cortège.

    Cet essai a pour ambition assumée de mettre fin à cette énigme vieille de plus de 800 ans et à un débat scientifique de plus d’un siècle quant à la signification et à la genèse du motif du cortège du graal. Son auteur, Valéry Raydon, armé du comparatisme structural dumézilien, entend démontrer définitivement l’origine celtique du motif, en établissant la correspondance entre cette entité-groupe et la représentation mythifiée d’une ancienne institution de conception indo-européenne qui était partagée par les anciennes sociétés gaélique et galloise – celle des insignes de la souveraineté – et en montrant le recoupement individuel de chacun des trésors qui la compose avec un prototype de talisman royal merveilleux des littératures médiévales des Celtes insulaires. Raydon entend procéder aussi à une vérification de la celticité du récit percevalien qui accueille le motif, en apportant les preuves irréfutables que le roman du trouvère champenois reprenait dans sa trame, en en respectant scrupuleusement l’enchaînement chronologique des évènements, une source écrite unique qui s’avère être un conte arthurien gallois en prose. Un conte gallois qui présentait une particularité dans sa composition : il consistait en une adaptation littéraire fidèle d’un seul et unique texte mythologique retraçant les Enfances du dieu Lleu Llaw Gyffes.

    Au cours des 410 pages passionnantes de cette enquête chirurgicale, Valéry Raydon lève le voile les matrices mythologiques celtiques du graal, de la lance sanglante, du tailloir, mais aussi des principaux personnages et épisodes du roman (enfance sauvage du héros, son premier combat, son attraction pour l’armure vermeille, sa rencontre avec Blancheflor, la blessure du Roi Pêcheur, le banquet du Château du Graal). Il décrypte le sens de l’épreuve du cortège graalien dans le roman champenois, qui demeure encore, derrière l’habillage chrétien et courtois du roman, une forme d’initiation archaïque rituelle à la souveraineté, où le jeune héros doit manifester sa capacité instinctive à reconnaître les objets hyperboliques qui constituaient les insignes symboliques et les talismans garants du pouvoir et de la prospérité du royaume dont il se trouve être l’héritier présomptif. Enfin, il montre également l’évolution progressive du thème dans les romans graaliens français suivants, où les objets du cortège reconvertis en reliques de la Passion vont devenir le véhicule promotionnel d’un idéal chevaleresque féodal et chrétien tourné vers la défense du mystère de l’eucharistie. "

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